Plutôt que de recourir sans cesse au transport qui coûte cher et où l’on perd du temps, pourquoi ne pas travailler à côté de chez soi ? Telle est la philosophie des lieux de travail partagés, sur lesquels le Grand Genève vient de rendre une étude, qui incite plutôt à l’optimisme, car le potentiel est là. « Aujourd’hui, il y a bien plus de demande de lieux de travail partagé que d’offre. Tout le monde ne peut pas travailler à distance, mais Genève compte beaucoup d’emplois tertiaires qui le permettent, » explique Franck Burdeyron, directeur du cabinet lyonnais Ocalia, qui a coréalisé l’enquête avec son homologue Sofies, côté helvète.
Des espaces commencent à exister à Annemasse ou Bonneville
Et sans surprise, c’est de notre côté de la frontière que le manque est le plus criant. Logique puisque les travailleurs résident plutôt en France quand les emplois sont massivement à Genève. « Pour que les entreprises recourent de façon importante au télétravail, il faut un réseau de lieux, car elles doivent pouvoir proposer à tous leurs salariés les mêmes conditions de travail, » estime Franck Burdeyron.
Celui-ci reste donc à construire, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il ne repose pas uniquement sur l’investissement public, même si c’est bien au politique d’avoir une stratégie globale en la matière.
De nombreuses sociétés en Europe se sont spécialisées dans cette activité. Quelques lieux sont d’ailleurs en train d’éclore, comme Entrelac en cette rentrée à Annemasse, ou un autre à Bonneville.
Le 6 octobre, « une quinzaine d’opérateurs privés » spécialisés viendront voir de plus près le marché du Grand Genève, qui les intéresse donc fortement.
À l’inverse, une dizaine d’élus français et suisses vont aller étudier ce qui se fait autour de Paris, l’une des agglomérations européennes où le système se développe le mieux après Amsterdam. « Pour l’instant, nous ne sommes qu’au début du processus. Il y a une volonté politique à construire, car les élus ne connaissent pas tous forcément ce système. Mais nous sommes optimistes, » conclut Franck Burdeyron.
Les résultats de l’étude:
Près de 500 réponses ont été enregistrées à l’enquête financée par le programme européen Interreg. 20 % de travailleurs indépendants, 30 % de dirigeants d’entreprise et 50 % de salariés, qui passent en moyenne 55 minutes par jour dans les transports.Les gens qui pratiquent déjà le télétravail sont majoritairement des hommes, cadres dans le secteur des services et âgés de 36 à 50 ans. Ils le font en moyenne un jour par semaine, le plus souvent depuis chez eux. Les avantages ? Gains de temps, de bien-être et d’efficacité. Les salariés qui aimeraient pratique le télétravail ont moins de 35 ans, sont plutôt des femmes qui voudraient arrêter de perdre du temps en transports.