Menée par une équipe de chercheurs de l’ENS Cachan et du cabinet de conseil PMP, l’analyse entend démontrer de façon objective l’intérêt individuel et collectif de ces nouvelles manières de travailler. Transports et environnement, santé et bien-être des travailleurs, gains de productivité pour les entreprises… tout est passé au crible, avec une conclusion claire : “les externalités du télétravail en télécentre sont positives pour l’ensemble des acteurs”.
Du positif d’abord pour les premiers concernés, avec une réduction du temps de transport estimé à 73 minutes par jour télétravaillé. Les télétravailleurs gagnent du temps, de la qualité de vie et du pouvoir d’achat. Pour les entreprises ensuite, l’étude identifie une hausse globale de leur production de 13% du fait d’une baisse de l’absentéisme, d’une augmentation du volume d’heures travaillées et d’une amélioration de la productivité journalière.
Facteur d’attractivité pour les territoires
Quant à l’impact pour la collectivité publique, l’étude la mesure à l’appui d’un modèle de projection économétrique sur la base d’un “scénario de développement relativement prudent” pour 2025. Avec 21% de télétravailleurs parmi les actifs (contre 12 à 17% aujourd’hui) dont 1,5% dans un tiers lieu (autre que le domicile), les économies réalisées au niveau national seraient de l’ordre de 500 millions d’euros par an. Ce montant comprend aussi bien des économies “tangibles” réalisées du fait de la diminution des déplacements (entretien des routes par exemple) que des “externalités monétarisées”. Les externalités collectives, intégrant la réduction des accidents de la route et de la pollution, sont ainsi chiffrées à 100 millions d’euros.
Dans le scénario envisagé, certaines collectivités bénéficieraient des effets liés à la mise en place de 438 nouveaux télécentres dans les 20 premières agglomérations françaises : 56 habitants et neuf emplois supplémentaires en moyenne par commune concernée par une implantation, ainsi que 57.000 euros d’impact économique et 50.000 euros de recettes fiscales. De quoi motiver les communes qui hésiteraient à tenter l’aventure.
Des télécentres dans les banlieues
Malgré de telles perspectives, les hésitations sont aujourd’hui bien réelles, notamment du côté des entreprises. Ces dernières se déclarent davantage prêtes à favoriser le télétravail si leurs salariés peuvent travailler dans un lieu dédié. Le domicile comme unique lieu de télétravail serait pourtant plébiscité par près de 80% des télétravailleurs, selon l’étude, tandis qu’une minorité alternerait entre leur domicile et un tiers lieu.
Le tiers lieu, c’est cette troisième catégorie un peu fourre-tout qui n’est ni l’entreprise, ni le domicile : les espaces de co-working, les centres d’affaires et même les bibliothèques et les cafés. Ou les télécentres. Ces derniers sont définis comme “des espaces dédiés à l’accueil de tout type de télétravailleur dans des conditions professionnelles, situés au plus proche des habitations dans les banlieues et les couronnes périurbaines des grandes agglomérations”. De l’aveu même des chercheurs, “le télécentre tel qu’envisagé par l’étude n’existe quasiment pas”.
Pour le département Développement numérique des territoires de la Caisse des Dépôts, c’est la juste localisation des télécentres, à proximité des habitations, qui permettra de donner un vrai coup d’accélérateur au télétravail. Actuellement, l’offre de lieux, davantage pensée pour les indépendants, se trouve essentiellement au cœur des agglomérations.
Caroline Megglé (www.localtis.info – article du 19 mai 2014)